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Jeunes Communistes de l'Hérault
9 juillet 2012

Suicide de France Telecom : le groupe mis en examen

phase de deuilEn 2010, une actualité se répétait, un salarié de France Télécom s'était suicidé. Depuis 2000, et la fusion entre France Télécom, jadis une entreprise publique, et Orange, opérateur mobile privé britannique, ce sont 126 salariés qui se sont donnés la mort. La plupart était proche de la retraite, n'avait connu qu'un employeur, et était entré dans la Maison sous le statut de fonctionnaire des PTT. Cette vague de suicide ("un effet de mode" comme dirait Didier Lombard, le PDG du Groupe, en 2010) coïncidence non seulement avec la fusion, mais aussi à une requalification des dettes à longs termes en courts termes, et la baisse de la valeur de l'action. A sa privatisation, en 1997, l'action était vendue 27 euros. En 2002, elle ne valait plus que 6€, alors qu'elle avait flirté avec les 220€, deux ans auparavant.

Pour réduire les coûts, la direction avait mis en place le Plan Next, qui devait permettre le départ de 22 000 salariés en 3 ans, surtout des anciens, avec le statut de fonctionnaires ou d'assimilés. Tout était permis. De nombreux cadres, techniciens, ingénieurs, qui avaient travaillé sur les plus grands projets du groupe, dont l'Internet et la téléphonie mobile, s'étaient retrouvés au « placard ». Un matin, ils arrivaient au travail et trouvaient leur bureau vide. Pour mieux comprendre ce qu'ils vivaient, n'hésitez à lire l'autobiographie de Vincent Talaouit, Ils ont failli me tuer. La particularité de ce livre, ce n'est pas trop qu'il ait été écrit par un ancien cadre de France Télécom, mais parce qu'il est illustré par des témoignages (recueilli par le journaliste Bernard Nicolas), un de deux autres techniciens, d'un médecin du travail, d'un syndicaliste, d'une veuve et de deux psychiatres.

Le service de santé interne de France Télécom et les syndicats avaient alerté la direction dès 1999, des problèmes des méthodes de management. Aux docteurs, la direction leur répondait que ce n'était pas leurs soucis, vu qu'ils n'étaient là que pour délivrer des aspirines. Or, le code du travail est très clair : le médecin de travail participe à l'amélioration des conditions de travail, et son avis doit être suivi d'actes.

Pour exécuter le plan Next, 4 000 personnes, tous déjà embauchés par le groupe, sont formés pendant 10 jours. Un graphique (reproduit ici) revient régulièrement lors de cette formation : la courbe du deuil d'Elisabeth Kübler-Ross, à l'annonce d'une mauvaise nouvelle, la personne passe par 4 stades (le refus de comprendre, la résistance, la décompression et la résignation) avant d'accepter le changement (appelé intégration sur le graphique). Pour les syndicalistes et les journalistes qui ont travaillé sur le sujet, la présence de ce graphique confirme que le but de la direction était bien le départ, quelle qu'en soit la forme. Et le suicide est une forme de départ.

Le 6 juillet dernier, le groupe France Télécom a été mis en examen pour harcèlement moral. C'est la première fois qu'une telle instruction judiciaire est ouverte contre une société du CAC 40. C'est une première victoire. Si le groupe est jugé coupable, il faut que les sanctions soient à la hauteur des drames dont il est responsable. Nous vous tiendrons informé.

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