Retour sur la visite d'Elisabeth II en Ulster

Attention : certains passages peuvent choquer

Le Royaume Uni, ainsi que les 15 anciennes colonies de la Couronne réunies dans le Commonwealth, célèbrent, cette année, les 70 ans du sacre de la Reine Elisabeth II. Les Jeux Olympiques de Londres, qui continuent jusqu'au 9 septembre, pour les disciplines handisports (moins médiatisés que pour les valides) font partie des festivités pour le Jubilé de Diamant. Outre les réjouissances organisées en Grande Bretagne, la souveraine a entamé une tournée de l'Ancien Empire. Sa première étape a été pour l'Irlande du Nord, une visite qui restera dans l'Histoire comme un événement. Ca a été la première fois, en effet, que le Sinn Fein, l'aile politique de l'IRA, au pouvoir en Ulster, n'a pas boycotté la visite officielle de la Reine. Une autre première, depuis l'attentat qui tua Lord Mountbatten (qui en 1947, alors qu'il était Vice Roi des Indes, avait demandé la partition du Sous Continent indien en 2 états, l'un musulman, l'autre hindou), un cousin éloigné de la Reine et un oncle de son mari, le Duc d'Edimbourg, que Elisabeth II a rencontré un des responsable de cet attentat, Martin Mac Guinness, dirigeant en 1979 de l'IRA Provisoire, qui voulait  réunifier l'Irlande en une république socialiste. Aujourd'hui, Martin Mc Guinness est Vice Premier Ministre d'Irlande. Pour l'attentat de Mountbatten, Martin Mac Guinness fut emprisonné à la tristement célèbre prison de Long Kesh.

Ce pénitencier est connu pour ses détenus recouverts de couvertures, enfermés dans des cellules avec les murs recouverts d'excréments et de menstrues. C'était la réaction des combattants indépendantistes incarcérés après que le gouvernement britannique eut supprimer le statut de prisonnier politique, en 1976. Ce conflit s'enlisa. En 1980, les détenus commencèrent une grève de la faim qui fut très médiatisés, car parmi les grévistes, il y avait Bobby Sands, qui venait d'être élu député, alors qu'il était emprisonné. Il y laissa la vie le 5 mai 1981, à l'âge de 27 ans. Il reste une légende pour la lutte pour la réunification de l'Ile Gaélique.

On peut considérer les troubles en Irlande, depuis 1916, comme une guerre de confessions. C'est vrai que les Irlandais qui se battent pour l'indépendance sont à majorité catholique, et ceux qui la combattent sont anglicans. Mais le conflit est avant tout économique et social. Les anglicans sont des colons anglais, minoritaires mais qui détiennent les usines. Pendant longtemps, les catholiques étaient victimes de discriminations à l'embauche, au bénéfice des protestants. A partir des années 50, lorsque l'Etat providence fut mis en place, les catholiques eurent droit à une éducation à laquelle ils n'avaient pas accès avant. Ils rendirent compte qu'ils avaient des droits et les réclamèrent. La bourgeoisie protestante ne voulait pas les satisfaire.