On prend les mêmes ...
Hier soir le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, nous annonçait la teneur de ce fameux remaniement gouvernemental tant attendu.
Enfin tant attendu ... Qu'attendions nous au juste ? Que pouvions
nous espérer en cette douce soirée de novembre ? Marie Georges Buffet à l'Éducation Nationale ? Pierre Laurent à l'Intérieur ? Pierric Annoot aux
Affaires Étrangères ? Non, franchement non, je n'ai pas attendu cette
annonce le cœur battant avec l'espoir d'un souffle nouveau couvrant
notre horizon. Pour autant, j'étais devant ma télé à 20h15 et comme
prévu : rien. Rien sinon quelques enseignements que nous pouvons tirer
de quelques nominations ou d'autres disparitions. Revue d'effectif !
Ceux qui restent ( et au même poste en plus ) :
Ils ne sont pas nombreux mais tout de même, certains ont apparemment
fait du bon boulot et conservent la confiance du nain, heu ... du
Président.
Brice Hortefeux ( Intérieur ), Christine Lagarde ( Economie ), Luc
Chatel ( Education), Bruno le Maire ( Agriculture) , Frédéric
Mitterrand ( Culture ), François Barouin ( Budget et porte - parole du
gouvernement ) et Valérie Pécresse ( Enseignement Supérieur ).
Pas de changements donc pour ces sept là. Notons tout de même que
François Barouin tout en restant ministre du Budget devient porte -
parole du gouvernement, une bien belle promotion pour ce chiraquien.
Nicolas Sarkozy redonne sa confiance à ce petit groupe qui, en ces
temps troublés, n'a pas fait ( trop ) de vagues ces derniers mois à
part bien sûr Brice Hortefeux. Ce dernier se voit féliciter pour son
travail de petit nationaliste et hérite même du désormais défunt
ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale.
Ceux qui restent ( pas au même poste mais c'est encore mieux ) : Certains goutent au doux plaisir de la promotion et doivent savourer aujourd'hui le sentiment du travail bien fait ( bien fait : on se comprend ... )
Michèle Alliot - Marie ( de la Justice aux Affaires Étrangères ),
Michel Mercier ( de l'Aménagement du territoire à la Justice ), Nathalie Kosciusko-Morizet ( de ministre d'État à l'Écologie ).
La
légère promotion de MAM tend tout de même à souligner un net retour
vers les racines de l'UMP, à savoir le RPR. Michel Mercier, ancien
proche de François Bayrou, compense le départ d'Hervé Morin ( Nouveau
Centre ).
Celui qui reste ( pas au même poste et ce n'est pas mieux ) :
Ex - socialiste et ancien ministre de l'Immigration, il valait mieux
le garder pour ne pas qu'il retourne sa veste encore une fois.
Éric Besson ( de l'Immigration à l'Industrie ).
Ce dernier paye l'impopularité croissante de son ministère désormais
rattaché à l'Intérieur. Le gouvernement garde grâce à lui un semblant
d'ouverture aux yeux de l'électorat de gauche.
Ceux qui partent ( et d'eux même en plus ) : Deux ministres font leurs valises l'air de dire : 2012 arrive, finit la rigolade, il vaut mieux quitter le navire qui sombre avant qu'il ne soit trop tard.
Jean - Louis Borloo ( Ecologie ) et Hervé Morin ( Défense ).
Le premier préférant retrouver sa liberté de proposition et de parole parce
que c'est bien connu, la liberté d'expression n'existe pas au sein de
ce gouvernement. Le second, président du Nouveau Centre, a quant à lui
annoncé son départ dans une déclaration pré - électorale à la presse.
Chacun prépare ses armes pour 2012.
Ceux qui partent ( et on ne leur demande pas leur avis en plus ) :
Nicolas Sarkozy n'est pas satisfait de tous ses ministres, sinon il
n'organiserait pas un remaniement. Les perdants sont donc :
Bernard Kouchner ( Affaires Étrangères ), Éric Woerth ( Travail ),
Fadela Amara ( secrétaire à la Ville ) et Rama Yade ( secrétaire au
Sport ).
Bernard Kouchner paye la fin de l'ouverture à gauche - non non Éric
Besson ne compte pas comme étant de gauche - tandis qu'Éric Woerth paye
bien sûr la réforme des retraites rondement mal menée. Preuve s'il en
fallait que cette réforme est un échec quoi qu'en dise Nicolas Sarkozy.
Fadela Amara et Rama Yade payent quant à elles une trop grande liberté
de paroles et de positions prises à l'encontre du moule gouvernemental.
Ceux qui (re)viennent ( et pourtant on ne leur avait rien demandé nous ) : Ce
remaniement voit aussi le retour de revenants mais aussi l'arrivée de
petits nouveau histoire de redonner un peu de sang neuf à cette équipe
de bras - cassés.
Alain Juppé ( Défense et ministre d'État ), Xavier Bertrand ( Travail, Emploi et Santé ), Maurice Leroy ( Ville ), Marie-Anne Montchamp, ( secrétaire à la Solidarité ), Jeanette Bougrab ( secrétaire à la Jeunesse et à la vie associative ),
Alain Juppé est le grand revenant, l'ex premier ministre devient
numéro deux du gouvernement et marquerait à lui seul un profond message
électoral pro - RPR. Xavier Bertrand quant à lui quitte la présidence
de l'UMP et laisse sa place à Jean - François Copé en prenant la tête
d'un ministère très élargit réunissant travail, emploi et santé, allez
comprendre ... Maurice Leroy, porte - parole du Nouveau Centre profite
lui aussi du départ d'Hervé Morin pour faire son entrée au
gouvernement. Enfin, Marie - Anne Montchamp est la belle prise de
Nicolas Sarkozy. La porte - parole du parti République Solidaire de de
Villepin devient secrétaire à la Solidarité et doit faire grincer bien
des dents.
Notons
un léger resserrement d'effectif, le gouvernement passant de 37 à 31
membres. Pour autant, rien de bien nouveau sous la pluie.
On peut constater la fin de l'ouverture à gauche, un éloignement du
Nouveau Centre même plus ou moins compensé et surtout un retour vers le
RPR. Globalement, on nous propose en cette fin 2010, un gouvernement
pré - électorale ancré à droite et qui fait déjà de l'œil à ses
électeurs historiques non sans oublier la potentielle réserve de voix
que pourra représenter le Front National.
En
fin de compte, ce remaniement ressemble plus au jeu des chaises
musicales qu'à autre choses, certains partent d'autres restent,
d'autres encore changent de places mais au final rien. Espérons que la
musique s'arrête bientôt, en 2012 ?
Kévin Hoareau