Lemorton et Frachon :2 femmes contre Servier

Le 3 octobre dernier, le Parisien a publié une exclusivité. L'Office Nationale d'Indemnisation des Accidents Médicaux, chargés d'indemniser les victimes du Médiator, a étudié 830 dossiers de victimes, dont 500 présentés par l'Association des Victimes du Médiator, sur les 7 500 au total. Sur les dossiers étudiés, selon le quotidien mais sans citer ses sources, 86% aurait été rejetés. Selon le collège des experts, il n'y a pas assez de preuves pour indemniser. Selon la pneumologue brestoise, Irène Frachon, quand un expert a un doute sur un cas, le doute bénéficie toujours au laboratoire. Irène Frachon est déjà connue par Servier, c'est elle qui a découvert la malformation cardiaque des patients soignés au benfluorex. Elle met en doute l'indépendance des experts nommés par le gouvernement de François Fillon et parle d'un deuxième scandale.

Selon l'ONIAM, la malformation de la valve cardiaque pourrait être dû à la prise de médicaments pour soigner la migraine. La preuve formelle que cette pathologie est dur à prouver, car les patients auraient du conserver les ordonnances depuis le début de leur traitement. Certains patients ont été traités à partir de 1976. Combien de temps gardez vous vos ordonnances ? Certainement pas pendant 36 ans.

Irène Frachon est certes la principale épine dans le pied de Servier, mais ce n'est pas la seule. La Présidente de la Commission des Affaires Sociales de l'Assemblée Nationale, Catherine Lemorton. Depuis 2007, elle a pris la tête du combat contre le lobbying de l'industrie pharmaceutique. Lors de la dernière législature, elle rédigeait un rapport dénonçant les conflits d'intérêt dans le monde du médicament. Elle sait de quoi elle parle, vu qu'elle est pharmacienne de profession. Pendant 2 ans, elle s'était sentie seule dans sa lutte, vue que même au PS, son parti, elle était prise pour une gauchiste. (à comprendre : révolutionnaire). Pendant la rédaction de son rapport, des représentants de Servier lui téléphonaient régulièrement, l'invitaient au restaurant. Invitations qui étaient toujours refusées. Les repas se font en présence de personnes présentées comme des experts, notamment en économie. Les représentants ne parlent que très peu, laissant la parole aux invités. Et la connivence entre les parlementaires et l'industrie se fait petit à petit, sans que l'élu puisse s'en rendre compte. Une manipulation digne des sectes. Selon l'article qui lui est consacrée dans le Monde du 13 octobre dernier, elle raconte que lors des réunions au sein même de l'Assemblée Nationale, ils étaient présents. Ils voulaient à tout prix lire son rapport, au fur à mesure de la rédaction. En 2009, d'autres députés l'ont rejoint. Ce n'est pas par hasard. C'est l'année même de la découverte et la médiatisation du premier scandale du Médiator. Elle se présente ainsi : « si j'ai un os, tant pis si je dois m'étrangler avec, je ne le lâche pas ». Bref, un pitt-bull comme on les aime. L'article laisse sous-entendre qu'elle a connu des menaces.

Irène Frachon et Catherine Lemorton sont les preuves que les femmes en ont plus dans les culottes que la plupart des hommes.